Dynamique d’occupation des sols et perception paysanne au Sud-ouest du Niger : Cas du bassin versant du Kori Ouallam

Abstract

Au Sahel, la dégradation exacerbée des ressources naturelles demeure toujours une contrainte majeure pour la mise en œuvre effective des stratégies de développement durable. Cette étude réalisée à l’échelle du bassin versant du Kori Ouallam (Sud-ouest du Niger), vise à examiner les changements environnementaux survenus de 1972 à 2019 et les forces motrices qui en découlent. L’approche méthodologique préconisée implique l’exploitation des données Landsat soutenues par des campagnes d’échantillonnage et des enquêtes de terrain de type ethnobotanique. Les résultats obtenus montrent que dans le bassin versant du Kori Ouallam, les unités d’occupation des sols ont connu des mutations profondes. Celles-ci se manifestent entre autres par un déclin progressif de la couverture végétale qui passe de 32,47 % à 15,64 % entre 1972 et 1986 à seulement 11,15 % en 2019. Cependant, la proportion des surfaces cultivées a augmenté de manière significative (près de 50 %) oscillant entre 25,18 % et 50,97 % pour la période 1972 à 2019. Les sols nus des plateaux et talus ont connu une évolution sporadique allant de 42,34 % à 56,33 % entre1972 et 1986 puis 37,53 % en 2019. L’enquête ethnobotanique montre que 61 % des espèces ligneuses de la zone ont disparu. Celles-ci sont dominées par des espèces appartenant à la famille des Capparaceae, Malvaceae et Rubiaceae. Les autres espèces ligneuses jugées menacées, conservées et introduites, représentent respectivement 20 %, 9 % et 10 % issues en partie de la famille des Fabaceae. L’analyse combinée des différents résultats atteste que l’hostilité du climat et la pression anthropique accrue exercée sur les ressources naturelles constituent les principales forces motrices à l’origine de ces mutations. Il découle de cette étude qu’au Sud-ouest du Niger, la vulnérabilité des écosystèmes pourrait à long terme moduler une tendance à un déséquilibre écologique avec des conséquences drastiques sur la résilience des communautés.

Natural resource degradation remains a major constraint to the effective implementation of sustainable development strategies in the Sahel. The aim of this study is to examine the environmental changes that have occurred from 1972 to 2019 and the driving forces in the Kori Ouallam watershed (southwestern Niger). Methodology is based on the exploitation of Landsat data, supported by ethnobotanical surveys. The results show that land use units have undergone profound changes. These include a gradual decline in vegetation cover, from 32.47% to 15.64% between 1972 and 1986, to just 11.15% in 2019. However, cultivated areas have increased significantly, ranging from 25.18% to 50.97% for 1972 and 2019 respectively. Bare soil on plateaus and slopes has changed sporadically, from 42.34% to 56.33% between 1972 and 1986, then 37.53% in 2019. The results of the ethnobotanical survey show that 61% of the zone's woody species have disappeared. These are dominated by species belonging to the Capparaceae, Malvaceae and Rubiaceae families. Other woody species considered threatened, conserved and introduced, represent 20%, 9% and 10% respectively, partly from the Fabaceae family. The main driving forces behind these environmental changes are climate hostility and increasing anthropization. In southwestern Niger, the vulnerability of ecosystems could lead to a trend towards ecological imbalance, with drastic consequences for community resilience.